Comment assurer la sécurité du trafic d’intervention urgente par hélicoptères face à la circulation des drones ?
Si l’émergence de l’usage des drones semble plus complémentaire que menaçante pour le modèle économique des exploitants d’hélicoptères, au moins pour l’instant, en revanche ce phénomène est de plus en plus préoccupant au regard de la sécurité des vols.
L’hélicoptère est par essence avant tout un outil d’intervention rapide et urgente qui transite en permanence dans l’espace aérien inférieur. Qu’il soit affecté aux missions de secours, au transfert médicalisé ou aux interventions techniques sur les réseaux d’énergie ou de transport, ses tâches sont rarement compatibles avec des préavis de coordination et les options de trajectoires offertes au pilote sont souvent limitées. L’importance cruciale et indiscutable de ces diverses missions doit échapper à toutes les considérations économiques qui ont pu faire croire à quelques décideurs politiques que l’industrie du drone devait être privilégiée en raison d’un potentiel économique supérieur à celui de la voilure tournante.
L’UFH est bien consciente qu’il n’y a pas de solution miracle. Une réglementation existe et cependant le traitement de ce dossier par l’administration n’apparait ni assez visible ni suffisamment déterminé vu de l’extérieur, pour calmer les inquiétudes déjà exprimées à plusieurs reprises, en particulier par le Syndicat National des Exploitants d’Hélicoptères et nos adhérents gestionnaires d’aérodromes.
Une première alerte avait été donnée lors de l’intervention héliportée suite à l’échouage du cargo Luno en février 2014 devant Anglet dans les Pyrénées Atlantiques. Un engin télépiloté avait interféré avec les opérations de treuillage menées par les hélicoptères de l’Etat.
Mais les menaces de prison avec sursis et la confiscation du matériel n’apparaissent pas assez dissuasives si l’on en croit l’événement relaté par la presse le 4 avril 2018, suivant lequel un Airbus A 320 en approche de Roissy CDG aurait croisé la route d’un drone pendant son approche.
La lutte contre l’utilisation illicite ou même simplement naïvement imprudente de ces engins ne saurait d’ailleurs résoudre le problème de manière satisfaisante à soit seule. En premier lieu, une réglementation si dissuasive soit-elle, n’aura pas beaucoup d’effet si les moyens de contrôler son respect ne sont pas eux-mêmes dissuasifs.
Et puis, il faut aussi pouvoir assurer la sécurité des vols en tenant compte des risques de dysfonctionnements et de pertes de contrôle qui mettent en péril les usagers de l’espace aérien et les personnes survolées. Ainsi il y a deux ans, un drone de près de 50 Kg et de plus de 3 mètres d’envergure est venu de Belgique après avoir échappé à son exploitant. Il a été pris en chasse par les moyens militaires avant d’aller s’écraser spontanément dans la région de Reims.
La vidéo suivante est un autre exemple impressionnant d’accident évité de justesse après une perte de contrôle.
Ces événements pouvaient potentiellement provoquer des drames mais relevaient de l’anecdote jusqu’à ce qu’une collision effective se produise en Suisse le 25 mai 2018, heureusement sans faire de victime.
L’Union Française de l’Hélicoptère a demandé avec la plus ferme insistance à ce que des mesures conservatoires immédiates soient prises, et à ce que les compétences impliquées par la sécurité des vols soient mobilisées pour définir un cadre réglementaire à même d’assurer la sécurité de l’exploitation des aéronefs en missions urgentes face à l’emploi mal maitrisé des drones.
Le syndicat national des exploitants d’hélicoptère a ensuite adressé une relance à la DGAC le 01 aout 2018, sans obtenir de réponse concrète aux inquiétudes des équipages.
Au niveau Européen, l’EASA a constitué en début d’année 2019 plusieurs collèges d’experts chargés de mener les réflexions nécessaires sur les sujets tels que l’adaptation des règles de l’air, la certification du matériel, les moyens de détection et d’évitement ou les méthodes de surveillance et de contrôle, pour prendre en compte les drones.
L’European Helicopter Association dont l’UFH est la branche française, est invitée à constituer un groupe de travail dont la première tâche sera d’exprimer la position de principe de l’industrie européenne de l’hélicoptère et d’en soutenir le contenu au sein des instances de concertation européennes.
L’Union Française de l’Hélicoptère est en train de rechercher parmi ses adhérents, une personne à même d’apporter son expertise du sujet et de porter l’avis de la France auprès de cette instance.