Connaissez-vous le principe des sept P? Dans sa dernière édition, Rotor Media rappelle cet adage issu de l’armée britannique et propose son application à la prévention et à la sécurité des vols en hélicoptère dans un article intitulé « no more excuse », qui tient du plaidoyer pour ne pas négliger la démarche de gestion de la sécurité des vols.
D’autres principes que j’ai personnellement souvent entendu au cours de ma carrière militaire sont évoqués dans cet article:
- La sécurité, ce n’est pas l’absence d’accident, mais la présence constante de la protection contre les risques.
- Planifier votre mission pour éviter d’être pris au dépourvu en vol. C’est ce qu’énonce le principe des 7 P : »Prior Proper Planning Prevents Piss-Poor Performance » à lire ici sur le site de la HAI.
- En vol, instaurez la stabilité et donnez-vous la capacité d’échouer en restant sûr.
- Et en cas de probleme, n’hesitez pas à atterrir. C’est l’application du fameux HAI Land & LIVE Program introduit par Matt Zuccaro.
Un compte-rendu d’enquête publié cette semaine par l’ATSB ( Australie) se rapporte à la rupture de l’arbre de transmission du rotor anticouple survenu au nord du Queensland (région de Cairns) lors d’un vol touristique avec deux passagers, à bord d’un Bell 505. L’investigation a mis en évidence la défaillance du roulement à billes du support avant du tronçon de l’arbre sur lequel est monté le ventilateur du radiateur d’huile. Les dommages subis par les pièces qui ont été exposées à une très forte température après avoir travaillé métal contre métal, sont trop importants pour qu’il ait été possible de déterminer les raisons de la défaillance.
Le rapport souligne la réaction appropriée du pilote qui a permis un retour au sol en sécurité sans occasionner d’autres dégâts à l’appareil :
- Interruption de la mission à la première alerte (perception d’un bruit de meulage intermittent).
- Mise au ralenti immédiat de la turbine au moment du départ en lacet consécutif à la perte de l’entraînement du RAC.
- Exécution d’un atterrissage glissé dans l’herbe à proximité de l’hélistation de destination.
Le rapport détaillé indique également qu’un autre pilote avait rapporté au retour d’un vol précédent sur l’appareil, avoir perçu furtivement un bruit anormal. L’anomalie avait fait l’objet d’une investigation qui avait conduit à la remise en vol de l’hélicoptère sans autre intervention, faute d’avoir reproduit le bruit au point fixe ni relevé d’anomalie. Il est indiqué que le roulement défaillant avait fait l’objet d’une inspection visuelle à cette occasion.
Hélicoptères et empreintes environnementales
Airbus Helicopters a diffusé la semaine dernière à l’occasion du 79eme forum annuel de la Vertical Flight Society, la feuille de route du constructeur pour mener à bien ses objectifs en termes de réduction de l’empreinte carbone des hélicoptères. C’est une occasion de rappeler les progrès déjà réalisés dans la conception des hélicoptères et de leurs moteurs, qui ont permis la réduction de moitié des émissions de CO2 tout en multipliant par 3 les puissances offertes au cours de 50 dernières années.
Nouvelle mobilité verticale
Les EVTOLs n’ont pas encore vraiment démontré de performances compatibles avec une utilisation opérationnelle, aucun modèle n’est encore concrètement entré dans la phase de certification nécessaire pour assurer un transport commercial, sans même parler de survol des zones dites « hostiles habitées », et pourtant, d’après la presse qui cite le président du groupe ADP, il semble que l’on sache déjà à quel prix le billet sera vendu pour se faire transporter en taxi volant électrique pendant les prochains jeux olympiques de Paris. Selon Augustin de Romanet, ce sera 110 € le passage entre les 5 vertiports que l’on se propose d’ouvrir à leur trafic en région parisienne (*). Même s’il souligne qu’il s’agira d’une expérimentation, on sera tenté de le suspecter de faire preuve d’un excès d’optimisme.
Ou alors, il va falloir diablement alléger les procédures auxquelles la nouvelle mobilité verticale sera soumise. On peut citer les obstacles à lever avant de certifier des aéronefs qui font appel à une technologie émergente. Par ailleurs les membres de l’UFH ont des exemples de projets d’hélistations à usage technique dont les dossiers sont à l’étude depuis deux à trois ans sans perspective d’aboutir. Et pourtant, ils ne sont pas tous situés à proximité des ville. Certains sont en pleine campagne dans des zones sans enjeu particulier en termes de biodiversité ni de voisinage et ne présentent pas de problème de sécurité des abords à prendre en compte.
(*) On connaît déjà probablement au moins deux des sites : l’aérodrome de Pontoise cité dans l’article, et l’héliport de Paris, dont les pouvoirs publics auront pris soin de n’engager le démantèlement partiel qu’après les festivités.